Ils l’ont fait ! Malgré le virus, malgré l’absence de public, les élèves de l’atelier théâtre du lycée Charles-Jully de Saint-Avold ont joué dans la grande salle du centre Pierre-Messmer, la semaine dernière. Le public ? Une caméra, avec les amis en « live » derrière. Retour sur une année particulière.
Jouer, même sans public et sans « ressentir la salle ». Devant 800 sièges vides, peu importe, jouer malgré tout, il y aura une trace grâce aux caméras. Jouer pour l’honneur : ne pas laisser le virus triompher. On a beaucoup parlé des « premières lignes » de la crise, mais cette jeunesse, qui avant de rentrer sur scène poussait encore la chanson à la guitare, est également admirable.
La semaine dernière, au centre culturel Pierre-Messmer de Saint-Avold , l’atelier théâtre du lycée Charles-Jully est allé au bout de son projet. « Se retrouver tous les lundis soir après les cours pour répéter », se souvient Florian, en classe de première. « Se changer les idées, alors qu’on était isolé », poursuit Rozenne. « Trouver un aboutissement dans un travail enrichissant », ajoute Florian. Le résultat ? Une pièce – Ces filles-là – retransmise en live sur le web, que parents et amis ont pu suivre depuis la maison, le déconfinement partiel du 19 mai n’étant pas opérationnel pour la grande salle du centre culturel.
« On ne peut pas jouer seul »
Cette année, plus que les autres encore, l’atelier théâtre du lycée Charles-Jully aura joué un rôle clef. Plus qu’un club amateur, l’atelier de Jessica Hoarau et Franck O’Relly offre un cadre d’apprentissage solide. « Nous sommes subventionnés par la Drac , en partenariat avec Le Carreau de Forbach », précise Jessica Hoarau. À raison de deux heures par semaine, avec les conseils d’un comédien professionnel, les lycéens intègrent les bases du vrai théâtre. Langage du corps, justesse du ton : « je leur explique que le théâtre est une activité de groupe, raconte Daniel Proia, le comédien assistant. Qu’on ne peut pas jouer seul dans son coin. »
Un défi de taille à cause du virus. « Cas contacts, vacances scolaires prolongées, couvre-feu… Nous avons dû annuler de nombreuses répétitions », se rappelle Jessica Hoarau. Tout ce qui fait le sel de l’atelier a aussi manqué : le stage théâtral ou encore les trois sorties culturelles annuelles. Mais l’essentiel est préservé, avec la scène et des rôles parfois relevés. Victor par exemple, a dû endosser celui d’un schizophrène. « Toute la difficulté était de ne pas tomber dans la caricature », glisse-t-il.
Juste avant de monter sur scène, on leur pose une dernière question : « est-ce que le théâtre pourra faire une ligne sur leur CV ? » Les regards sont dubitatifs. « Ça nous amuse de faire ça, c’est tout ! »